Rouler électrique et améliorer la qualité de service des lignes de bus : pari réussi pour la Métropole de Nice
Reportage Mis à jour le mercredi 06 septembre 2023
« Aller bien au-delà de la loi en matière de transition énergétique ». C’est ainsi qu’Olivier Astolfi, Conseiller expert de la Régie Lignes d’Azur, résume la politique de décarbonation du parc de transports en commun de la Métropole Nice Côte d’Azur. Pour y parvenir, la régie de transport vient de passer commande auprès de l’UGAP de 29 bus électriques « à haut niveau de service », afin d’améliorer la qualité de service de ses lignes les plus fréquentées. Décryptage.
Quel est l’objectif de la Métropole en matière de transition énergétique pour les transports en commun ?

Cette commande vient dans le cadre de la politique de verdissement du parc de la Métropole Nice Côte d’Azur qui a été initiée par Christian Estrosi. L’objectif fixé d’ici la fin de l’année 2025, c’est d’aller bien au-delà de la loi de transition énergétique, puisque nous avons pour ambition, et nous nous y tiendrons, de supprimer totalement le gasoil sur l’ensemble de notre réseau au 31 décembre 2025.
Nous sommes actuellement dans une phase de verdissement intense, que ce soit avec du bioGNV ou de l’électrique. Aujourd’hui, nous avons 90 véhicules électriques au parc, ce qui représente avec le biogaz 44 % du parc et à la fin de l’année, 78 % de nos 100 millions de voyageurs annuels seront transportés dans des bus électriques ou dans nos lignes de tramway.
Comment seront exploités ces 29 nouveaux bus ?

Il s’agit de 29 véhicules articulés du fournisseur Heuliez, des bus GX437 électriques Linium qui viendront remplacer des véhicules standard, eux-mêmes réaffectés sur d’autres lignes. Nous allons les exploiter sur deux lignes qui sont aujourd’hui à fort potentiel : la ligne 8 qui relie le centre-nord de Nice en passant par le sud à proximité de la promenade des Anglais et qui remonte vers le centre-est de la ville. C’est une ligne qui a une multitude de lieux d’intérêts en particulier pour les scolaires et les actifs et qui aujourd’hui nous permet de transporter environ 300 000 personnes par mois, c’est une des plus importantes lignes du réseau. Et nous avons la ligne 12 qui elle est quasiment tout le long du littoral puisqu’elle longe la promenade des Anglais depuis Saint-Laurent-du-Var jusqu’à Nice et qui comptabilise 150 000 voyageurs par mois, à la fois des actifs mais aussi beaucoup de touristes. Ces deux lignes sont en fort développement, on observe depuis le début d’année une demande accrue, c’est pour cela que nous avons décidé d’exploiter ces lignes en véhicules articulés et dans le cadre de bus à haut niveau de service (BHNS).
Pourquoi avoir fait le choix de bus à haut niveau de service ?
Ce sont des bus qui proposent une expérience voyageur plus proche de celle du tramway que de celle du bus : pas de vente à bord, des arrêts typiques de ceux des arrêts de tramway avec distributeurs de titres, des bornes d’information voyageurs en temps réel, une vitesse commerciale plus élevée car il y a des priorités aux feux et des sites propres réservés aux bus. Nous nous attendons à une hausse de 50 % des taux de fréquentation des deux lignes en question, mais pour autant ce ne sera pas suffisant pour qu’il soit pertinent de les remplacer par une ligne de tramway. Donc le BHNS est une bonne solution. Au-delà du bus, il faut bien penser que c’est aussi la voirie, les équipements qui seront adaptés à ces nouveaux véhicules. Ce seront les premiers BHNS en circulation dans la Métropole et nous avons souhaité que les deux lignes soient équipées en même temps pour avoir la possibilité de transférer du matériel de l’une à l’autre en fonction de la saisonnalité, l’une étant principalement utilisée par des scolaires et l’autre par des touristes.
La particularité de Nice, c’est que nous sommes le réseau qui utilise le plus la technologie off-charge, autrement dit la charge par opportunité, qui consiste à charger ses batteries à chaque terminus du bus, ce qui permet de transporter beaucoup moins de batterie et d’avoir une autonomie presque infinie. Dès que le bus arrive au terminus, il recharge pour un aller-retour suivant, donc il est capable de rouler si on le souhaite 24h sur 24. En 2024, nous aurons 70 véhicules avec cette technologie, ce qui nous place comme premier réseau en France et de loin à l’exploiter.
Que retenez-vous de votre collaboration avec l’UGAP sur cette commande ?

C’est une longue histoire entre l’UGAP et la Régie Lignes d’Azur puisqu’ils nous accompagnent depuis la création de la Régie il y a 10 ans, donc nous sommes habitués à travailler ensemble. Concrètement, notre collaborateur responsable du parc participe aux côtés de l’UGAP à la rédaction des cahiers des charges des véhicules. Nous y voyons deux avantages : la réactivité puisque, l’UGAP disposant déjà des catalogues constructeurs négociés au préalable, on économise le temps et l’énergie de la consultation qu’il faudrait lancer en interne, donc on économise 6 mois à 1 an sur la procédure ; et la massification, l’UGAP commandant pour plusieurs collectivités, ils ont un volume d’achat beaucoup plus important que celui que l’on pourrait avoir de manière individuelle et donc une meilleure capacité à négocier les prix avec les constructeurs permettant d’obtenir des prix inférieurs à ceux que l’on serait susceptible d’obtenir en achetant seul.
Dès le début, nous avons été en relation avec l’UGAP sur la définition du véhicule et ensuite directement avec le constructeur. Cela représente au moins 6 à 8 mois de travail pour l’élaboration de ce véhicule avec le choix de toutes les options possibles et imaginables et avec le choix du matériel. Et nous allons continuer à travailler ensemble pendant 12 mois jusqu’à qu’ils soient livrés.